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Le pardon des offenses
Article mis en ligne le 14 juin 2015
dernière modification le 27 septembre 2015

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Le pardon des offenses : demander et accorder le pardon

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Chers frères,
A la demande de certains, je vous propose de réfléchir à ce que nous disons chaque jour dans le Notre Père : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Objectivement, nous l’avons tous expérimenté, le pardon n’est pas évident humainement, au moins dès qu’il s’agit de quelque chose que nous estimons grave. Le sentiment de la justice qui a été lésée par rapport à ce qu’on nous devait, nous rend en général impitoyable. Et en sens inverse, nous devons bien reconnaitre que nous sommes très indulgents envers nous-mêmes et que nous avons du mal à accepter les exigences de justice de ceux que nous avons offensé. Mais il y a plus difficile encore à accepter : même si nous avons envie de pardonner ­ parce que nous sommes chrétiens ­ il y a toute une part de nous-mêmes qui ne peut pas oublier et qui revient sans cesse à la charge, nous faisant croire que nous sommes viscéralement incapables de pardonner. Certains sont épouvantés par le ressentiment qui les taraude et désespèrent de pouvoir vivre de la charité du Christ. Qui va nous sauver de la colère qui ronge les cœurs ? Le Christ !
Revenons sur l’offense et la colère qu’elle occasionne chez la victime. Soyons clair : la colère, en soi, n’est pas d’abord un péché ! Elle est seulement une passion de l’âme qui s’enclenche spontanément en nous pour nous donner l’énergie nécessaire à vaincre un mal difficile à surmonter. Cela n’a jamais été un péché de souffrir du mal qui nous est infligé ni de ressentir une première colère spontanée. Au point de départ, cette colère est neutre moralement. Tout dépend de la façon dont notre intelligence et notre volonté libre vont contrôler cette colère.
  Si je canalise cette colère, et que je la transforme en colère froide, déterminée à mettre en œuvre tout ce qui sera juste et honnête pour réagir efficacement au mal, alors cette colère est saine, elle est juste et bonne. Le Seigneur Jésus lui-même a été pris quelque fois d’une sainte colère.
  Mais si j’entre en éruption comme un volcan ou comme le lait qui déborde, et que j’éclabousse tout autour de moi ma méchanceté, en voulant rendre le mal pour le mal, je suis devenu aussi mauvais que l’injuste agresseur, et j’ai perdu sur tous les tableaux. Face au mal subi, il ne faut pas répondre au mal par le mal, mais au mal par le bien. C’est cela la vengeance de Dieu. Pour les hommes pécheurs qu’il est venu sauver, Dieu a donné son Fils unique. Il nous a aimés alors que nous étions encore ses ennemis. La seule façon chrétienne de réagir au mal subi, c’est d’imiter le Christ en rendant le bien pour le mal. Utopique diront certains ? Non, pas du tout ! Il ne s’agit en aucune manière de se laisser faire, de se laisser marcher dessus. Il est tout fait légitime, et c’est même un devoir moral de protéger l’innocent contre l’agresseur injuste. Il y a une légitime défense de l’individu par rapport à l’individu, de la société par rapport à l’individu, et de la société par rapport à la société.
  La première est intuitive : tout le monde comprend qu’il faut protéger l’innocent contre l’agresseur injuste. C’est lui l’agresseur qui me force à faire un choix rapide entre sa vie coupable qui m’agresse et la vie innocente qui est menacée. Et sans hésitation un parent mettra hors d’état de nuire un fou qui menacerait son enfant en brandissant une arme, même au risque de tuer l’agresseur. Si l’agresseur meurt au cours de la confrontation, ce n’est pas immoral si je l’ai fait pour empêcher à tout prix la mort de l’innocent. Il faut que la riposte soit proportionnée, et que je n’ai eu pour seul objectif que d’interrompre l’agression injuste en mettant l’agresseur hors d’état de nuire. Et c’est l’agresseur qui porte la responsabilité de ne pas m’avoir laissé d’autre choix.
  La deuxième forme de la légitime défense concerne la protection de la société par rapport à un agresseur injuste, et c’est le rôle de la police, qui porte légitiment des armes, et qui peut recourir à son usage lorsqu’il n’y a pas d’autre moyen pour mettre hors d’état de nuire l’individu qui agresse.
  Enfin, la troisième forme de la légitime défense concerne la protection de la société par rapport à une autre société qui l’agresse injustement, et c’est le rôle de l’armée. Mais si dans ces trois cas, il ne s’agit jamais de laisser faire le mal, il s’agit tout autant de ne pas se laisser vaincre par la haine, mais de s’opposer résolument au mal par une volonté réelle de bienveillance par rapport à l’agresseur. Toute la question est celle de l’état d’esprit dans lequel nous nous opposons à l ‘agresseur. Il ne doit jamais s’agir de vouloir directement le mal, la mort ou l’anéantissement de l’agresseur, mais bien plutôt de lui vouloir tout le bien que Dieu lui veut. Le bien que Dieu lui veut commence bien sûr par sa conversion. Et m’opposer fermement au mal qu’il commet est une première forme de charité envers lui.
Saint Augustin résume tout cela dans une phrase éclairante : Nous avons la haine du péché , et l’amour du pécheur ! Et Saint Jean-Paul II disait : Par volonté et par amour, celui qui pardonne accepte de ne pas s’arrêter à l’offense et de croire qu’un avenir est toujours possible. Le pardon est une forme éminente du don, qui affirme la dignité de l’autre pour ce qu’il est, au-delà de ce qu’il fait. Toute personne qui pardonne permet aussi à celui qui est pardonné de découvrir la grandeur infinie du pardon de Dieu. Récapitulons : le pardon des offenses ne se confond pas avec l’absence de douleur ou de ressentiment contre l’agresseur, mais le vrai pardon chrétien est inséparable de la volonté déterminée de vouloir pour celui qui m’a fait du mal tout le bien que Dieu lui veut. C’est pour cela que nous avons tant besoin de prier pour nos ennemis : c’est la seule façon réaliste de laisser Dieu transformer peu à peu notre cœur et notre regard sur les autres. La prière pour les ennemis devient alors un travail exigeant sur moi-même, au point de comme me marcher sur le cœur pour casser l’aiguillon de la rancune. Cela pourra prendre du temps, beaucoup de temps même. Mais dès que j’ai commencé sérieusement à prier pour mes ennemis, je peux dire que je suis sur le chemin du vrai pardon, et je peux m’approcher de l’Eucharistie en vérité. Maintenant, s’il n’est pas évident d’accorder le pardon, il est tout aussi difficile de demander pardon lorsque nous somme nous-mêmes coupables d’une offense envers un frère.
  Demander pardon, c’est à la fois reconnaitre humblement sa faute, mais c’est aussi déjà une déclaration d’amour à l’offensé : je ne t’ai pas aimé comme il fallait, je t’ai blessé, mais je le regrette du fond du cœur, et je désire sincèrement réparer l’offense autant que je le peux et te redire tout mon amour.
  Demander pardon est ainsi un service rendu à l’offensé, en faisant appel à ce qu’il y a en lui de plus grand, de plus noble, et en l’invitant à ressembler à Dieu dans sa miséricorde. Demander pardon ou accorder son pardon peut sembler parfois dépasser les forces humaines. C’est pour cela qu’il est si important de demander pardon à Dieu et de goûter le pardon de Dieu dans le sacrement de confession, qui est aussi appelé le sacrement du pardon et de la miséricorde. Le pardon reçu de Dieu nous rendra capable à notre tour de pardonner en vérité à nos frères.
Amen