Bandeau
Paroisse Combs-la-Ville
Slogan du site

Site de la paroisse catholique de Combs-la-Ville

Homélie de la Vigile Pascale
Article mis en ligne le 13 avril 2012

Homélie de la Vigile Pascale du Père José

« Ce que Jésus révèle à Pâques, c’est qu’il nous faut mourir pour vivre ! »

En cette nuit très sainte, nous célébrons la fête de Pâques, la fête du passage de la mort à la vie : c’est la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ ! « Mère de toutes les veillées saintes » selon l’expression de saint Augustin, notre veillée pascale s’articulera en quatre temps forts dont chacun monte peu à peu vers le sommet. Ensemble, nous allons prendre du temps pour le Seigneur Ressuscité.

 L’office de la lumière a ouvert notre célébration et a culminé par le chant de l’Exultet. Par le cierge et les bougies allumées, nous célébrons le Christ « lumière du monde ». « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12). Les yeux fixés sur lui, nous exultons de joie en Jésus, mort et ressuscité, qui illuminera notre nuit, nos nuits et qui nous sauve.
 La liturgie de la Parole : En cette veillée pascale, l’Eglise nous propose de consacrer plus de temps que d’habitude pour écouter la Parole de Dieu. Dieu nous parle par la méditation des événements qui ont fait l’histoire du Peuple de la Bible, par la voix des Prophètes et des Sages d’Israël qui nous font entrevoir sa passion pour l’homme. Mais la Parole vivante de Dieu, c’est surtout Jésus-Christ lui-même. C’est à partir de lui que tout prend densité et saveur. La Parole de Dieu est d’une importance capitale pour la vie du croyant. « L’ignorance des Ecritures, c’est l’ignorance de Jésus-Christ » (Saint Jérôme). D’où la nécessité pour tous les baptisés de se procurer une Bible pour lire, écouter, méditer pour se nourrir et se laisser transformer, renouveler au-dedans pour être une créature nouvelle.
 La liturgie baptismale constitue la troisième étape de notre veillée. En cette nuit sainte, sont conférés dans toutes les paroisses du monde des milliers de baptêmes adultes. En France, près de 3000 adultes recevront le baptême !. A tous les nouveaux baptisés, à leurs parrains et marraines, nous présentons nos vives félicitations ! Le baptême est une nouvelle naissance qui se confère par l’eau et l’Esprit Saint. Il lave l’homme des souillures (les péchés) qui déforment sa ressemblance à Dieu et lui permet de renaître à la vie nouvelle d’enfant de Dieu. Dans la tradition de l’Eglise, les nouveaux baptisés recevront cette nuit les trois sacrements de l’initiation chrétienne : le baptême, la confirmation et l’Eucharistie. A l’instar des nouveaux baptisés, tous les fidèles sont invités à renouveler leur profession de foi baptismale. Le cierge allumé en main, symbole du Christ ressuscité, tous redisent leur renonciation au mal, au péché, (à Satan) et font leur profession de foi « au Dieu vivant et vrai, et à son Fils Jésus-Christ, dans la Sainte Eglise Catholique ». L’aspersion avec l’eau bénite conclut cette étape qui rappelle à tous que le baptême les rend participants à la vie divine, et membres à part entière de l’Eglise Famille de Dieu, appelée à être image vivante et témoin authentique de Dieu au cœur du monde.
 La liturgie eucharistique constitue une belle et joyeuse action de grâce, source et sommet de toute la vie chrétienne. En offrant Jésus à son Père, nous présentons à Dieu ce que nous sommes et ce que nous devenons, nous offrons toute l’humanité… C’est pour nous et pour tous les hommes qu’il a fait offrande de sa vie. C’est pour que notre humanité soit à jamais libérée du péché qu’il se dépouille de lui-même. Mais c’est lorsque nous communions au même pain que nous devenons vraiment ce que nous sommes : le Corps du Christ.

Toute la liturgie de cette nuit sainte nous invite à nous réjouir, à être dans la joie. Mais certains pourraient rétorquer : pour quelle raison se réjouir ? Des raisons légitimes et sérieuses ne manquent pas pour être inquiets et tristes : le poids de la maladie ou de l’âge, les incompréhensions et difficultés inhérentes à la vie familiale et sociale, la crise socio-économique, la vie chère. Ne serait-ce pas manquer de bon sens et de solidarité que de vouloir nous réjouir en ces temps très difficiles ? Mais justement, ce que nous célébrons en cette nuit nous donne de regarder la vie autrement, d’une manière nouvelle, un regard de foi et d’espérance sur les hommes et les événements conjoncturels…
L’Evangile vient de nous le dire : « Vous cherchez Jésus le crucifié, il n’est pas ici, il est ressuscité ». Hier Vendredi Saint, tout semblait terminé ; en cette sainte nuit tout commence ! Aussi sommes-nous invités à nous réjouir essentiellement pour le don de la foi, de l’espérance et de l’amour. On est quelquefois surpris de découvrir à quel point l’essentiel, le cœur de la foi chrétienne est méconnu.

Notre foi chrétienne naît justement devant le tombeau vide. Elle naît de la certitude que nous avons, que celui qui était mort est désormais vivant ; que le crucifié a été relevé, « réveillé » d’entre les morts par son Père dans la puissance de l’Esprit Saint. L’apôtre saint Paul dira lui-même avec force : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre message est sans objet, vaine est notre foi et vaine aussi notre espérance… Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi ne mène à rien, vous n’êtes pas libérés de vos péchés » (1Co 15, 14.17). La Résurrection du Christ, en effet, est bien le signe fondamental qui vient confirmer toute la mission du Christ et qui nous certifie que notre marche à sa suite a du sens et un fondement sûr.

La Résurrection ne se démontre pas, elle se montre ! Elle se montre non seulement en croyant, mais surtout en vivant de la nouvelle vie que Jésus nous communique. Cette nouvelle vie, c’est la charité, cette vie d’amour que l’Esprit « verse dans nos cœurs », selon les paroles de saint Paul. C’est cette vie de charité qui produit chez le chrétien des fruits de paix, de douceur, de bonté, de joie, de bienveillance, de tolérance…

Frères et sœurs, en guise de conclusion, nous disons que la fête de Pâques nous rappelle bien que le Christ est passé par le mystère pascal, c’est-à-dire, sa mort et sa résurrection… Pour lui, comme pour tous ses disciples, c’est le chemin obligé vers le Père… Nous le savons tous, notre vie terrestre passera. Pour Jésus, comme pour nous, nous passerons par le tombeau ; nous l’oublions si souvent ! • Ce tombeau, nous l’expérimentons quand nous sommes conduits à mourir à nos idées, à nos passions, à nos projets humains, à nos égoïsmes. Ce tombeau, nous en sortons quand la lumière du Ressuscité nous est donnée à nouveau pour que notre vie prenne sens, force et courage après des moments de doutes, d’épreuves, de chutes, d’échecs…
Ce que Jésus révèle à Pâques, c’est qu’il nous faut mourir pour vivre, et que cette traversée dure toute l’existence et doit se vivre dans la foi, l’espérance et la charité.
Alors chacune de nos existences devrait attester devant les hommes que la vie est plus forte que la mort. Dans cette perspective, paraphrasant Enzo Bianchi, dans son beau livre « Donner sens au temps », la joie pascale des chrétiens sera vraie : « Lorsqu’ils bâtiront des communautés où l’on passe du je au nous ; lorsqu’ils pardonnent sans demander la réciproque ; lorsqu’ils vivront la joie profonde qui demeure même dans les situations d’opposition ; lorsqu’ils auront de la compassion pour toute créature, en particulier les derniers, ceux qui souffrent ; lorsqu’ils réaliseront la justice qui libère des situations de mort où gisent tant d’hommes ; lorsqu’ils acceptent de dépenser leur vie pour les autres ; lorsqu’ils renonceront à s’affirmer eux-mêmes sans les autres ou contre eux ; lorsqu’ils donneront leur vie librement et par amour, jusqu’à prier pour leurs assassins mêmes ».
C’est à ces conditions que les psaumes et les alléluias peuvent retentir avec force et éclat, parce qu’ils sont des signes éclatants de la joie du salut apportée par le Ressuscité à l’humanité entière. Joyeuses fêtes pascales à toutes et à tous ! Daigne le Ressuscité bénir notre assemblée de cette nuit sainte, et nous engager résolument sur des chemins de vie et de résurrection, lui le Vivant pour les siècles des siècles. Amen !